Le défi que je me suis lancé avec “Rouge !”, hormis celui de monter mon premier spectacle, était de montrerla société latino-américaine – et plus spécifiquement, brésilienne – au pays qui m’a accueilli, la France. Mais représenter le Brésil est une tâche difficile car il y a plusieurs « Brésils». Un brésil noyé dans sa modernité, perdu dans un royaume d’image imposé par la société mondialisée et un Brésil plein d’espoir, capable de vaincre sa peur.
Comment fuir les clichés ?
Comment montrer le chaos de sa modernité, ses énormes contradictions ?
Il fallait un texte capable de révéler la vérité de mes souvenirs et en même temps aborder des questions universelles, des questions de ma génération. C’est le pari réussi de « Rouge ! » réécriture contemporaine du petit chaperon rouge. Rouge, le personnage principal incarne cet espoir. Il traversera le bois obscur de ses peurs à la recherche de la vérité. Sa rencontre avec Mère-Grand, une grand-mère star de la télé brésilienne complètement refaite par la chirurgie esthétique – figure de la modernité par excellence – ne laissera qu’une survivante. Rouge pourra ainsi en finir avec son passé et s’exclamer :« Je suis vivante, je suis vivante. Une nouvelle vie commence maintenant !»
Le texte de Camilo Pellegrini est créé à Rio en 2003, une année fondamentale pour le Brésil et pour toute l’Amérique Latine, celle de l’élection de Lula à la tête de l’état. Depuis des années dans le bois obscur de leurs peurs, les brésiliens célébreront finalement l’espoir.